De l’importance de se regarder les yeux dans les yeux

Hier, j’ai été invitée à une rencontre, un cercle de discussion au cours duquel les personnes présentes – qui ne se connaissaient pas au préalable – se sont parlées, se sont écoutées, ont échangé ou rebondi sur ce qui était dit.

Le contenu importe peu ici, mais l’expérience dans sa globalité fut très intéressante. Et ma conclusion fut évidente : notre monde crève d’un manque de communication, de vraie communication. Parce que même si tout le monde se gargarise de ses amis Facebook, Twitter & Co…, ce même tout le monde est seul, profondément seul. Et ce, qu’il soit célibataire, en couple, marié, avec ou sans enfants.

Nous manquons cruellement de discussions face à face, les yeux dans les yeux. D’échanges courageux et engageants qui, seuls, peuvent nous transformer, en profondeur. D’une écoute bienveillante qui nous ouvre à nous-mêmes et nous permet d’avancer même si les mots échangés paraissent, à première vue, ne pas nous concerner.

L’Homme, animal social par définition est aujourd’hui sclérosé, retranché dans ses peurs de l’autre, du monde, de demain, de la mort, de la perte… Dans sa peur de l’essence même de la vie.  L’Homme 2.0 serait-il réduit à une machine à consommer, vide et sans sentiments ? A une carte de paiement ? A un puits à envies superficielles et volatiles ? La société actuelle aurait-elle si rapidement réussi à passer outre des milliers d’années d’évolution et à effacer notre besoin de retrouver l’autre, de partager, d’échanger ?

L’Homme n’est jamais aussi grand que lorsqu’il revient en toute humilité à ce qu’il est : un être vulnérable, curieux et empathique.

Ré-humanisons nos échanges, refusons la robotisation de nos vies et de nos envies.

ACTION(S) ?!

Pour envisager un autre avenir, commençons par nous regarder les uns les autres…

  • Vous marchez dans la rue ? Levez la tête, souriez, saluez, respirez.
  • Sur un parking : regardez bien autour de vous avant de vous précipiter sur une place vacante. Rien ne presse et si quelqu’un était là avant vous ou est arrivé en même temps, soyez galant – et ce, que vous soyez un homme ou une femme… Rien ne presse si ce n’est le plaisir du moment.
  • Dans les magasins, ralentissez, réfléchissez à vos actions, à vos achats, refusez d’être happé par un flot, un flux de gens aux caddies qui veulent vous aliéner… Regardez autour de vous, encore une fois, prenez le temps.
  • Au marché, regardez les étals, les producteurs : parlez, échangez… Qui sont-ils ? Que font-ils ? Comment produisent-ils ? Comment est leur vie ?
  • Vous achetez un produit… Quel est son histoire, son parcours, sa provenance ? Par qui a-t-il été fabriqué ? Un artisan ou des mains d’enfants, lointaines et sans visage ?

Puis, par nous aider les uns, les autres…

  • Un homme, une femme (un enfant ?) est assis sur le trottoir, regardons-le, sourions-lui, aidons-le même si ce n’est pas avec de l’argent… Surtout peut-être si ce n’est pas avec de l’argent. (A ce propose, regardez ce lien, il est  très inspirant & donne de belles idées :  https://www.facebook.com/NowThisNews/videos/1148366941920095/
  • Quelqu’un trébuche devant vous, quelqu’un pleure, ne tournons pas la tête, demandons-lui s’il a besoin d’aide.
  • Une personne nous demande de l’argent, et si nous discutions avant de refuser ? Juste une fois pour essayer… Prendre le temps avant de dire non, avant de se retrancher derrière nos peurs, nos convictions, notre quotidien… Pour voir comment ça fait de parler, les yeux dans les yeux. Comment nos tripes réagissent à une confrontation avec un réel tenu à distance…
  • Une entreprise ferme, une ferme doit être vendue ? Soyons curieux, allons rencontrer les gens, cherchons à savoir, à connaître.
  • Vos amis vous manquent, appelez-les.
  • Soyons prêts à tendre la main lorsque l’on sort se promener, qui sait ? ?Notre vie pourrait en être bouleversée.
  • Refusons l’indifférence : être en colère et l’exprimer est Humain. C’est le nier et se taire qui ne l’est pas.
  • Fan des réseaux « sociaux »? : utilisons-les pour s’informer (vérifiez les sources…) et pour agir.

Non, la curiosité n’est pas un mauvais défaut. Et surtout pas lorsqu’elle est bienveillante. Alors, soyons curieux, ouverts et bienveillants. Le changement ne se fera pas dans l’isolement ou la peur mais dans le savoir, l’échange et l’ouverture.