Depuis quelques petits jours au pays de l’abondance, j’erre. Beaucoup. Déstabilisée.
Chez moi, en France, je travaille beaucoup à « m’éplucher », à retirer toutes les couches dont on nous a affublés au fil du temps, afin de revenir à l’essentiel. A me « deschooler » (me défaire des réflexes acquis lors de ma scolarité – de 3 à 24 ans !) comme on l’entend dans un certain milieu où l’on prône l’apprentissage autonome. J’essaie de revenir à l’Etre. C’est un long travail, ardu. Passionnant. Le détricotage se fait par étapes, lentement. C’est un voyage étonnant. On requestionne tout. On aborde la vie sous un angle nouveau. Le passé, le présent, le futur… C’est effrayant et fascinant. Mais pourquoi ? Car pour oser semer de nouvelles graines, travailler à créer une nouvelle société d’entraide et d’échanges, il faut être capable d’envisager de tout perdre. Être à nu. Humble. Capable de se regarder en face pour ouvrir de nouvelles portes…
Parce que j’ai dû traverser l’océan pour des raisons personnelles, je me retrouve donc dans un pays où l’Avoir est la clé de voûte de toute personne. Ici, on est rien si on n’a pas. C’est comme ça. Et c’est en totale opposition avec ce que je vis. Avec ce que j’apprends et ce dont je me nourris. Revenir dans cette ambiance de consommation à outrance, d’obsession de l’avoir, de la croissance infinie, du surpassement de soi alors qu’au quotidien, je travaille à aller dans le sens inverse, est une véritable torture, une distorsion de mon cerveau. J’ai l’impression d’être en permanence tiraillée entre deux mondes que tout oppose. C’est un sentiment très désagréable… Je ne l’avais jamais autant ressenti auparavant. Peut-être parce que je n’avais jamais été si loin dans mon travail de détachement, de remise à zéro, de reboot personnel. Le grand écart n’en est rendu que plus douloureux.
Pour l’instant, je m’ajuste donc. Je tente de trouver un équilibre dans cette improbable posture et réfléchis au message contenu dans cette expérience. A suivre…