Manger Bio, oui mais !

Ouhlala le sujet qui enflamme…  Allez, je dégaine :

  • manger bio, c’est bobo !
  • c’est une mode !
  • ça coûte cher !
  • ça ne sert à rien
  • qu’est-ce qui te prouve que le bio est vraiment bio ? C’est une arnaque !
  • pfff, c’est un business comme un autre…
  • nos arrière-grands-parents, ils ne mangeaient pas bio etont vécu très vieux (noooooooooon ?) !
  • manger des trucs bio qui viennent de l’autre bout du monde, franchement ça ne rime à rien !
  • manger des trucs bio vendus par de grandes compagnies qui produisent du « conventionnel » (c-à-d des aliments plus « chimiques » que naturels), c’est nourrir le monstre !
  • les champs bio sont entourés – donc contaminés ! – de champs conventionnels alors, le bio ça n’existe pas !
  • faut bien mourir de quelque chose alors, en attendant je me fais plaisir !

Et cette liste est non exhaustive. Of course.

Alors, on reprend pour que les choses soient claires :

  • Manger bio, c’est bobo ! Si vouloir prendre soin de soi, du monde et de ceux qui nous entourent (et qu’accessoirement, on invite à notre table…), c’est bobo : alors ok, Bio, c’est bobo. Et si on veut rentrer dans les rimes et la poésie, pourquoi s’arrêter là et ne pas dire que manger conventionnel, c’est criminel, ou sacrificiel, ou industriel (ou oserais-je poubelle) ?
  • C’est une mode ! Alors, oui, c’est effectivement une mode et de loin celle qui a duré le plus longtemps dans l’histoire de la vie puisque tout le monde mange bio depuis la nuit des temps ! Et qui plus cette mode n’a été relancée  que pour une seule raison : à cause de créateurs qui n’ont rien compris au principe des saisons car avec Mr Conventionnel, pas de Printemps/Eté ou Automne/Hiver : on mange de tout, tout le temps et les an. Les saisons, les rythmes naturels, on s’en fout !
  • ça coûte cher ! Plus on en mangera, moins ça coûtera cher. Parlez-vous, montez des réseaux, plus vous serez forts, plus vous aurez de poids pour faire fléchir les prix ou trouver les bons plans. Et un autre argument : ce n’est pas le bio qui est cher, c’est le conventionnel qui n’est pas au juste prix. Euh… ça veut dire quoi ? ça veut dire que pour avoir les prix qu’on a dans les supermarchés, il y a des  producteurs qui produisent à perte, d’autres (ou les mêmes…) qui doivent tellement baisser leurs coûts (ou augmenter leurs profits…) qu’ils ne respectent ni les conditions de vie de leurs animaux, ni les conditions de travail de leurs employés, il y a des coûts qui ne sont pas pris en compte dans le prix « public » mais que nous payons ou paierons d’une autre manière (coût environnemental
  • Qu’est-ce qui te prouve que le bio est bio  ? Moui, c’est effectivement de plus en plus corsé à faire. Deux points (non développés ici) :  a/ consommer au maximum en circuit-court permet de limiter les risques : rencontrer les producteurs, de discuter, aller sur leur lieu d’exploitation, revenir régulièrement… b/ Industriels & Grande Distribution étant prêts à tout pour grignoter des parts de marché, ils investissent effectivement dans le bio  et produisent ou mettent dans leurs rayons des produits certes labellisés mais pauvres d’un point de vue nutritionnels et désastreux pour le sol et l’environnement. Alors, oui au Bio mais pas à tous les Bio.
  • Pfff, c’est un business comme un autre ! Oui, sauf qu’à choisir, je préfère payer pour manger bio que pour INGÉRER des pesticides, OGM et autres délices phytosanitaires concoctés par l’industrie agroalimentaire.
  • Nos arrière-grands-parents, ils ne mangeaient pas bio et ont vécu très vieux… Ah bon ? Et ils mangeaient quoi alors ??? Ah pardon !! Ce n’était pas labellisé AB mais si, si, c’était du bio – enfin pour être précis : c’était de la nourriture (parce que c’est bien de cela qu’on parle en disant bio !) Eux en effet, ils cultivaient leur jardin pour la plupart, leurs nappes phréatiques étaient encore vierges de toutes les saletés qui les polluent désormais, le terme même de supermarché n’était pas encore inventé et surtout, ils n’avaient pas à lutter au quotidien contre les pesticides et autres produits chimiques disséminés dans l’air et dans nos assiettes par des multinationales adeptes des poisons et autres gadgets assassins (les « E » indéchiffrables, les produits phytosanitaires qu’on n’ose plus appeler pesticides parce que le suffixe -ide ça fait peur!). Alors, oui, ils pouvaient vivre vieux (ou pas mais ça, c’est une autre Histoire…)
  • Manger des trucs bio qui viennent de l’autre bout du monde, ça rime à rien ! Oui, c’est vrai. Et c’est pour ça que j’annonce clairement les limites du bio : pour moi, un produit labellisé AB qui contient de l’huile de Palme ou un magasin soi-disant bio qui te vend des fraises espagnoles en décembre, c’est du foutage de gueule. 
  • Manger des trucs bio vendus par de grandes compagnies qui produisent du « conventionnel », c’est nourrir le monstre. Oui. Donc, encore une fois : achetons local ou à partir d’un réseau que l’on connait. Ou s’il n’y en a pas près de chez nous, créons-en !
  • Les champs bio sont contaminés par les champs conventionnels qui les entourent alors, le bio ça n’existe pas ! Alors, celle-là, elle m’agace ! Tout le monde saute de la falaise autour de toi, alors tu sautes ??? Aidons les producteurs à se convertir ; montrons aux adeptes du conventionnels qu’on produit autant, voire plus avec une agriculture respectueuse de l’environnement ( si, si c’est possible, voir un post ultérieur) en bio ; en tant que consommateurs goûtons les produits issus de l’agriculture traditionnelle (i.e. bio! , oui parce que la tradition, c’est de faire des produits sains et non pesticidés – encore une fois, abus de langage lorsqu’on assimile le conventionnel au traditionnel !) et retrouvons le vrai goût et les vraies couleurs des aliments, admettons que ce qu’ils mettent sur les produits conventionnels TUENT des milliers de personnes, agriculteurs et consommateurs. Soyons cohérents !
  • Faut bien mourir de quelque chose, alors en attendant je me fais plaisir ! Dois-je vraiment argumenter celle-là ? Mmmmh, non.

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Étonnant maïs ancien tiré de ma récolte – sept 2015

ACTION !

Alors, être consomm’acteur de BIO, ce n’est pas juste mettre dans son caddie des produits avec une étiquette verte ?

Non, être un véritable consomm’acteur BIO, c’est : 

  • Acheter local ou circuit court
  • dans la mesure du possible, faire un potager ou en partager un avec des voisins ou en créer un à plusieurs. Et troquer des œufs, des fruits & des légumes !
  • Acheter des produits de saison ou des espèces non menacées
  • Acheter des produits bons pour vous, mais également respectueux de l’environnement ET des lieux et personnes les ayant produits
  • Acheter uniquement ce dont on a vraiment besoin. On n’a pas besoin de TOUT avoir, TOUT le temps. Non, je vous assure…
  • Informer. S’informer.

Et n’oubliez pas : votre pouvoir, c’est votre carte bleue !

PS : dernier truc ! Et si l’on renommait les choses en toute logique ? Le BIO ne s’appellerait plus BIO puisque nous parlons là de produits qui existaient bel et bien AVANT que l’industrie n’y fourre son groin. Mais le CONVENTIONNEL, lui, serait labellisé industriel/chimique/traité/avec modification génétique ou un autre nom  encore plus explicite…

« Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent de les acheter pour que ça ne vende plus ! » 

Coluche